FLIP : une double vision du monde 🛹💸
- Axel Araujo
- 25 mars 2021
- 14 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 août 2022
Je me suis réellement plongé dans le rap français il y a de ça quelques années, et j’ai découvert au fur et à mesure des années des artistes qui m’ont, en grande partie, touché à leur manière. Évidemment, Lomepal n’est pas une exception. J’ai connu FLIP, son premier album, grâce à la vidéo du Règlement sur le sujet, et dès le premier visionnage, le personnage de Lomepal m’a profondément touché, et m’a donc amené à me pencher sur le projet lui-même. Sans surprise, ce fut un coup de cœur dès la première écoute, car le fait que je connaissais déjà le message global du projet m’a particulièrement aidé, mais je l’aurais tout de même apprécié à sa juste valeur au fil des écoutes, sans même comprendre le fond de l’album dès le début. Depuis 2018, c’est un de mes albums préférés dans le rap français, si ce n’est mon préféré. Je me sentais donc obligé de parler plus en détail de FLIP, qui a clairement marqué ma culture rap, mais aussi et surtout ma vie.
Lomepal - FLIP (Deluxe) (2017) Lomepal - Shooting photo pour FLIP
Pochette : Rægular
> PARTIE 1 : LA FORME DE L’ALBUM
Pour commencer, on peut dire que la tracklist (liste des pistes qui composent le projet) de FLIP ressemble à celle d’un « vrai album », c’est-à-dire qu’elle a une certaine cohérence dans les titres, ainsi qu’une bonne construction : chaque morceau a sa place dans l’album, et plus particulièrement l’introduction « Palpal », qui a une instrumentale à la fois saisissante et intrigante. Les paroles sont parmi les plus « ego-trip » de l’album, c’est-à-dire que Lomepal va se vanter de ce qu’il est et/ou de ce qu’il possède durant l’entièreté du titre, par exemple avec la phrase « J’veux un monde avec que des miroirs / Une radio qui passe que ma musique », mais porte également un lourd message qu’il va ensuite développer tout au long de l’album : celui d’une société de consommation trop portée sur l’argent et le matériel.
La tracklist contient ensuite tout un tas de titres divers et variés qui nous procurent de nombreuses émotions, aussi bien positives que négatives, principalement grâce à des styles musicaux plus ou moins accessibles à tous. L’album se conclut enfin sur une outro extrêmement touchante et écrite plus que sincèrement nommée « Sur le sol », qui traite de la mort en général, et plus particulièrement de celle de sa mère (ou de sa potentielle maladie). On pourrait bien évidemment faire un parallèle assez simple entre la mort, qui marque la fin d’une vie, et une outro d’album, qui marque la fin de ce dernier, ce qui accentue le bon placement de ce morceau au sein de la tracklist.
Pour revenir plus globalement sur l’album en lui-même, on peut y retrouver un contenu très riche et diversifié en musicalité, notamment avec des titres se rapprochant de la pop (comme 70, Ray Liotta, Danse ou même Club) ; d’autres plus conscients qui portent un message critique sur un sujet précis tout au long du projet (par exemple Palpal, Lucy, Avion, Billet et Un peu de sang) ; des morceaux plus introspectifs et avec une ambiance plus triste (avec Ça compte pas, Bécane ou encore Sur le sol) ; et enfin des pistes plus rappées et énergiques (notamment Pommade, Bryan Herman, et enfin Malaise). Cette grande diversité des genres rend l’album plus accessible au grand public, et laisse toutes les ambiances et les humeurs s’installer dans l’album, ce qui en fait un projet très complet musicalement.
On retrouve également dans FLIP quelques clins d’œil à ses anciens EP (un projet un peu plus court qu’un album classique), avec par exemple Palpal, qui pourrait être une suite d’Ego sur l’EP Majesté, un morceau dans lequel Lomepal pratiquait l’ego-trip à son maximum. Cet égocentrisme était traduit visuellement par des masques de Lomepal lui-même, disposés sur tous les visages des figurants. Il réutilisera ces masques plus tard dans le clip de La vérité, sur Jeannine, son dernier album en date. Dans la tracklist, on peut observer aussi 2 titres qui se suivent : Avion et Malaise qui font référence à Avion malaisien, la huitième piste de Majesté, dont Lomepal a d’ailleurs repris quelques phrases dans Avion. Enfin, dans le dernier titre du projet, Sur le sol, on peut entendre « Une fois, j’ai même senti ma te-tê (tête) saigner, être te-bê (bête) c’est mieux / Ça m’aurait sauvé du premier morceau de l’EP Seigneur ». Cette phrase est encore une sorte d’ego-trip, et fait écho à l’introduction de Seigneur, l’EP de Lomepal sorti avant Majesté, en 2014, nommée Les troubles du seigneur.
Lomepal – Majesté (2015) Lomepal – Ego (Mohamed Chabane)
Dans cet album, Lomepal invite de nombreux artistes qui composent son entourage et qu’il avait déjà côtoyé sur d’anciens projets. Par exemple, 2Fingz, ancien duo composé de Népal et Doums et présent sur Lucy, la troisième piste de FLIP, avait déjà invité Lomepal sur leur mixtape La folie des glandeurs, en 2013. De même pour les rappeurs belges Caballero et Jeanjass qui avaient participé à Le singe fume sa cigarette, le projet commun entre eux et Lomepal, en 2013. Ils étaient également conviés sur l’EP Majesté et sur l’EP Cette foutue perle, et se retrouvent donc en 2017 sur le premier album de Lomepal, FLIP. On peut voir aussi Superpoze, qu’on retrouvait déjà en 2016 sur l’EP ODSL ; Roméo Elvis, qui avait invité Lomepal sur Thalys, un titre de son album Morale 2.
> PARTIE 2 : LE FIL CONDUCTEUR
Autre que la forme, cet album contient également un fond, ainsi qu’un lourd message, qui est développé et mis en œuvre tout au long du projet. Ce dernier est assez simplement compréhensible, mais pourtant difficilement acceptable : la société de consommation est terriblement capitaliste, au point que tout le monde est prêt à faire n’importe quoi pour amasser un maximum d’argent. Lomepal expose très explicitement cette idée dans certaines phrases marquantes, comme dans Lucy, où il dit « Même toi, tu feras tout pour avoir des milliards / Si un jour, tu gagnes des millions », ou encore dans Palpal, avec « Je recompte tout c’que j’achète / Depuis mon premier MacDo ». Il en vient même à comparer ce mode de vie mis en place contre notre gré au Diable, ou plus précisément au 666, le chiffre qui représente ce dernier, dans le pont de Lucy où il répète plusieurs fois « Baise le sy-sy-système, t’aimes pas trop le 6-6-6 mais le 6-6-6 t’aime ».
Suite à ce lourd problème et pour remédier à cette lobotomisation, Lomepal parvient à se glisser derrière un personnage égocentrique, qui lui permet en quelque sorte de cacher l’idiotie du monde qui l’entoure, tout simplement en se posant au centre de sa propre vie. On peut comprendre cette idée avec les nombreuses phrases égocentriques dans Palpal, mais également avec « A l’extérieur, j’suis répugnant, à l’intérieur, j’suis magnifique » dans Lucy, qu’on pourrait traduire assez rapidement en mettant la société à la place de « l’extérieur » et Lomepal à la place de « l’intérieur ».
Finalement, cet égocentrisme arrive jusqu’à le faire craquer mentalement, comme il le dit si explicitement dans Lucy avec « Cerveau sature comme un train dès qu’y’a un peu d’grève », dans Pommade avec le refrain « Cerveau cassé comme la voix de Janis », ou encore dans Malaise avec « Je perds la tête et je lutte pour retrouver le calme ».
On peut alors remarquer que ce craquage va même jusqu’à diviser la personnalité de Lomepal en plusieurs personnages, qu’on retrouve en grande partie dans le clip de Pommade, mais également dans les autres clips qui alimentent le projet. Parmi toutes ces différentes personnalités, on devine assez facilement que deux s’imposent et sont plus remarquables que les autres, notamment avec « Bagarre avec un mec qui m’ressemble », dans Pommade, mais aussi dans le refrain de Palpal, où on entend « En deux mots Palpal ».
Lomepal possède donc deux principales facettes : l’une nommée Pal, qui est totalement consciente du problème qui pèse sur notre société et qui utilise la musique pour tenter de faire passer un message ; et une seconde nommée également Pal, qui est tout aussi consciente de l’immense capitalisme mis en place, mais qui se laisse emporter dans la course à l’argent pour la simple et bonne raison qu’il a la possibilité d’en faire simplement et rapidement avec la musique. On retrouve cette idée et ce personnage dans le refrain de 70, où Pal dit très clairement « J’veux des millions, j’en veux soixante-dix ». Ces deux personnalités, qui se ressemblent et adoptent pourtant des approches très peu similaires face au même fait de société, sont représentées à la droite et à la gauche de Lomepal dans le clip de Palpal, qui est sûrement celui qui colle le plus à l’univers de FLIP.
Lomepal – Palpal (L'ordre Collectif) Lomepal – Pommade (L'ordre Collectif)
L’album ne résume pas son histoire à une simple double personnalité, car on peut y déceler au milieu des caractères des deux Pal, un message qui porte l’espoir à propos de cette question. En effet, on retrouve ceci dans la dernière phrase du deuxième couplet, où Népal et Doums terminent le morceau Lucy en posant une question qui pousse à réfléchir : « Tout l’monde souhaiterait un monde meilleur et au final qu’en est-il ? ». Si le monde entier rêve d’un monde meilleur, il reste donc une chance pour que des changements arrivent un jour. Cette phrase qui paraît très pessimiste à la première écoute porte en réalité un lourd message qui encourage ceux qui ont la possibilité de faire bouger les choses, à les faire bouger.
On retrouve ici un nouveau problème, exposé toujours dans le même titre, Lucy, avec la phrase de Lomepal « A force de répéter comment réparer les failles, ma voix s’casse ». Il expose tellement de fois les mêmes problèmes et solutions à ceux qui l’écoutent qu’il finit par s’épuiser, puisqu’il n’y aperçoit malheureusement pas de réel résultat.
> PARTIE 3 : LE CONTENU DE L’ALBUM
Hormis le puissant message délivré dans FLIP, Lomepal enrichit également ses textes avec bon nombre de références à une grande partie de ses passions. La plus omniprésente est sans aucun doute le skateboard, qu’il pratique lui-même, et qu’il a inclut sans modération dans l’album.
Par exemple, le premier titre du projet, Palpal, débute sur des bruits de skate, puis d’une chute (volontaire), que Lomepal a enregistré lui-même durant la conception de FLIP. On retrouve aussi bien ce thème sur des interludes comme Skit Skate, que sur des morceaux, comme la transition de Billet, qui sépare les deux parties de la piste. Lomepal dédie même un titre entier à cette pratique : Bryan Herman, et en profite donc pour parler plus en détail de sa passion et y placer de nombreuses références (Chris Cole, Piss Drunx, etc).
On peut apercevoir aussi cette pratique dans la collaboration de Lomepal avec Apple pour le mini-clip du morceau Deux, qui n’est malheureusement pas disponible sur les plateformes de streaming.
En plus du skateboard, Lomepal développe aussi une grande passion pour la musique, au point qu’il s’est lui-même lancé dans ce domaine. On peut assez simplement distinguer cet attachement tout au long de l’album, avec des clins d’œil, par exemple à Nirvana, Jimi Hendrix, Michael Jackson, ou encore dans l’outro Sur le sol, qui débute par « Où est ma caisse claire ? Donnez-moi ma caisse claire », subtile référence au morceau Cleanin’ Out My Closet d’Eminem, qui s’ouvrait de la même manière.
Autre domaine qui influence Lomepal dans son écriture : le cinéma, qu’on retrouve encore énormément de fois dans les textes de FLIP, notamment en citant des personnages comme Octave Parango du film 99 francs, sur Palpal ; des réalisateurs comme Kusturica, sur Lucy ; ou même directement des titres de films, comme Brokeback Moutain, toujours sur Lucy.
Dans quelques morceaux, il n’hésite pas non plus à traiter quelques théories complotistes, comme sur Lucy, avec celle des chemtrails (théorie comme quoi la fumée éjectée par les avions lors d’un vol serait nocive voire toxique pour la population, et servirait à l’embrigader plus simplement), avec la phrase « Mes frères veulent m’faire croire que la société m’baise / Moi j’le vois pas, j’ai la tête dans les chemtrails ».
Pour conclure dans la pop culture, il fait également dans Lucy une démonstration technique digne des plus grands, avec les phrases « Cette super planète part en cette-su (sucette) / Mais le diable continue d’me répéter qu’y’a jamais assez d’sucre » et « On s’améliore mais les acquis n’seront jamais assez acquis pour se reposer d’ssus ». Dans ces deux phrases, on entend phonétiquement « Zetsu », qui est une technique dans le manga Hunter X Hunter ; et « Haki », qui est une technique dans le manga One Piece.
Pour parfaitement illustrer ses dires, Lomepal cache donc des références au monde du manga là où d’autres mots sont normalement entendus, ce qu’il résume très bien dans une phrase qui suit : « J’ai des techniques sérieuses », c’est-à-dire les techniques issues de mangas qu’il parvient à cacher dans ses textes, celles qu’il utilise pour faire passer son message à propos de la société, mais aussi celles qu’il met en œuvre lors de l’écriture de ses morceaux.
Chris Cole (1999) Eminem – Cleanin’ Haki des rois (One Piece)
Out My Closet (2002)
L’album contient bien évidemment un grand nombre de punchlines marquantes et pleines de sens, dont ces deux suivantes, qui peuvent être liées entre elles.
On entend dans 70 « Une gueule de bois ça coûte quinze balles / La mort ça coûte même pas trois centimes », ce qui pourrait signifier qu’un moment de bonheur (= une gueule de bois ou une soirée en général) coûte plus cher que la mort, qui elle, est quasiment gratuite et accessible beaucoup plus simplement que le bonheur : en bref, on retient qu’il faut posséder un minimum de revenus pour prétendre être heureux.
Cette punchline est en quelques sortes liée à celle de Népal et Doums dans Lucy : « Debout sur la décapotable, tu t’fais shooter comme Kennedy », qui se comprend comme ceci : on peut atteindre la richesse, une sorte de bonheur en étant « Debout sur la décapotable », mais à tout moment, on peut se faire « shooter comme Kennedy », c’est-à-dire perdre tout ce qu’on a, et ça sans rien pouvoir contrôler.
On repère aussi dans FLIP une certaine polyvalence entre la musicalité nouvelle chez Lomepal, et une grande technicité dont il fait preuve depuis ses débuts dans la musique.
Par exemple, on retrouve des mélodies très différentes et remarquables, comme sur Ray Liotta, Bécane, ou encore Danse, qui participent grandement à l’ambiance planante de l’album, et sont également mises en avant par les instrumentales, qui sont tout aussi reposantes pour la grande majorité.
L’écriture technique de Lomepal est principalement mise en œuvre par sa manière de rapper ou de chanter, mais aussi par les schémas de rimes, qui sont souvent assez complexes. On aperçoit des multi syllabiques qui font écho au rap kické et aux freestyles qu’il pratiquait avant FLIP, sur S.O.M (Intro), dans l’EP Majesté, ou encore sur l’EP Le Singe Fume Sa Cigarette avec Caballero. Nous pouvons citer parmi elles « Si elle m’emmène, c’est sans regret, on verra c’que mes cendres créent » dans Sur le sol, mais aussi « S’habiller bien, c’t’tait ultra cher / Chaque trajet, j’avais un vrai style de trasher » dans Bryan Herman.
> PARTIE 4 : L’UNIVERS AUTOUR DE L’ALBUM
Contrairement à la quasi-totalité des sorties de rap français de ces dernières années, FLIP n’est pas seulement un projet musical, mais bien un univers à part entière. En effet, toutes les possibilités ont été envisagées, et réalisées pour la plupart, pour pousser l’album dans un réel contexte et le faire vivre de A à Z.
On peut s’intéresser par exemple à la pochette de l’album, réalisée par l’artiste Rægular, qui parvient parfaitement à refléter le moindre détail du projet. Les instrumentales planantes (comme Palpal, Ça compte pas, Skit Skate, Bécane, Avion, Outsider, etc) évoquées dans la partie précédente constituent une très grande majorité de l’album, et se distinguent très clairement ici, notamment avec l’expression du visage de Lomepal, qui paraît déboussolé, voire sous l’usage de stupéfiants si on fait un lien plus rapide entre l’ambiance des morceaux et la pochette. Les différentes identités des titres de ce projet sont très bien représentées par les couleurs de l’arc-en-ciel disposé autour de Lomepal, au deuxième plan.
Les pochettes des singles sortis avant FLIP (Pommade et Ray Liotta), restent également dans le même univers, puisqu’il s’agit là du même shooting photo, du même maquillage, ainsi que des mêmes vêtements. Ces dernières auraient même pu devenir la pochette officielle de FLIP, tellement elles sont ancrées dans l’ambiance globale du projet.
Lomepal – FLIP (Deluxe) Lomepal – Pommade Lomepal – Ray Liotta
Pochette : Rægular Pochette : Rægular Pochette : Rægular
Nous pouvons également parler de la version physique de la réédition de l’album, toujours réfléchie par Rægular, et fabriquée de façon à ce que la pochette fasse ressortir les arcs-en-ciel selon l’orientation de l’objet et la lumière que reçoit ce dernier.
La couleur des CDs (blanc et rose saumon) est également assez sobre et colle sans problème à l’ambiance et à la direction artistique globale de l’album.
A l’intérieur de l’objet, on retrouve un grand dépliant qui dévoile entre autres : la liste des titres ; les crédits aux beat makers, aux graphistes, etc ; une version moins cadrée de la pochette de FLIP ; ainsi qu’une interview écrite de Lomepal pour le magazine Pinéale Skateboard, accompagnée d’une photo grand format de Lomepal lui-même en train de faire une figure de skate.
On découvre également dans la version physique du projet une fiche de stickers avec différentes typographies pour chacun des morceaux inédits de l’album.
Stickers et packaging de la CDs de la version physique de FLIP (Deluxe)
version physique de FLIP (Deluxe)
La réédition de FLIP s’intitule FLIP (Deluxe), et contient trois titres inédits : Club, Un peu de sang et Outsider. Mais elle est également composée de 9 reprises live acoustiques de quelques morceaux de l’album (Ray Liotta, 70, Danse, etc). Cette réédition prouve d’une manière ou d’une autre la polyvalence et la diversité dont peut faire preuve Lomepal, qui est très attaché à ces versions acoustiques, notamment avec Amina, la réédition de son deuxième album, mais aussi avec le projet 3 jours à Motorbass, dans lequel il reprend certains de ses morceaux pour la chaîne de télévision Arte, de la même manière que sur ses albums.
Lomepal – Amina (2019) Lomepal – 3 jours à Motorbass (2019)
Pochette : Rægular Pochette : Rægular
> PARTIE 5 : CONCLUSION
Pour terminer, nous pouvons dire que le premier album de Lomepal est complet à tous les étages. Des titres présents sur l’album (les paroles, le message, les instrumentales), jusqu’à l’univers bâti autour du projet FLIP (les clips, la pochette, les stickers, le dépliant), c’est un album très réussi, qui parvient à expérimenter malgré une époque déjà bien diversifiée.
Le nom « FLIP » fait bien évidemment référence à la figure de skate (qui consiste à faire sauter la planche et la retourner à 360° pour enfin retomber dessus), mais propose également une nouvelle manière de voir le monde et ce qui le compose autrement. Il explique cette définition par son personnage travesti sur la pochette, en affirmant que c’est un flip de lui-même, c’est-à-dire une nouvelle facette de sa personnalité qu’il met en valeur dans cet album, au milieu de nombreuses autres.
Ce titre explique donc le côté plus expérimental du projet, qui mêle parfaitement plusieurs styles musicaux et marque un réel tournant dans sa carrière (du rap classique à un rap plus diversifié et accessible au grand public).
Dans FLIP, Lomepal apporte une vision plus claire de la société et du monde qui nous entoure, en dénonçant un système capitaliste oppressant, et une course à l’argent interminable qui persiste à exister chez la population.
Ce projet a inspiré bien des artistes, et certains ont sortis des albums plus ou moins comparables à FLIP. Par exemple, nous pouvons citer TRINITY de Laylow, sorti le 28 février 2020, qui respecte encore plus le format d’album, car la pochette, les clips et les visuels en général sont parfaitement accordés aux titres et principalement à la direction artistique, mais aussi et surtout grâce aux transitions, qui relient tous les morceaux du projet entre eux, qui forment donc une réelle histoire, avec un début et une fin, et qui guident l’auditeur à travers l’univers de TRINITY.
Du côté du message transmis par FLIP, nous pouvons nous pencher sur un album sorti le 10 janvier 2020, Adios Bahamas, de Népal, déjà présent sur Lucy, troisième piste du projet de Lomepal. Sur son premier album sorti à titre posthume, Népal laissait derrière lui un lourd message rempli de sens et de contradictions. En effet, dans cet album qui respirait l’espoir et l’attente d’un futur meilleur, l’artiste expliquait sa vision du monde du travail, de la société et du capitalisme en général, et disait avoir atteint un mode de vie qui lui convenait, sans courir après l’argent mais plutôt en faisant ce qui lui plaisait au quotidien. Un message plein de positif, qui se ressentait également dans les mélodies douces et reposantes, et que l’on retrouve en partie dans FLIP.
Laylow - TRINITY (2020) Népal - Shooting photo pour Adios Bahamas
Version physique
Ces trois artistes ont également un autre point commun tout aussi admirable : ils ont sorti de nombreux projets afin de trouver leur identité musicale avant de dévoiler leur premier album (quatre EPs pour Laylow, quatre pour Népal, et cinq pour Lomepal).
De plus en plus d’artistes témoignent aujourd’hui du caractère cruel et discriminatoire de la société (Vald et Alpha Wann en sont d’autres exemples), et tentent de faire bouger les choses à travers leur musique, alors peut-être qu’un jour, certains projets parviendront à rendre le monde dans lequel nous vivons meilleur et plus sain.
Axel Araujo.
> SOURCES :
- LA MALADIE DE LOMEPAL (Analyse Flip)
Le Règlement, 14 juillet 2017 > https://youtu.be/pbDAb6t8K-s
- Flip Deluxe – Lomepal
- LA VISION DE NÉPAL (Analyse Adios Bahamas)
Le Règlement, 17 avril 2020 > https://youtu.be/dm3S62EmuiY
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