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Nouvelle École, un concept gâché ? 🎤📚

  • Photo du rédacteur: Axel Araujo
    Axel Araujo
  • 14 août 2022
  • 14 min de lecture

⚠ CONTIENT DES SPOILS ⚠



Annoncé il y a déjà plusieurs mois, l'émission "Nouvelle École" a enfin été dévoilée dans son entièreté sur la plateforme Netflix.

Vendu dès le début comme une version francophone du programme "Rythm + Flow" aux États-Unis, les attentes quant à ce concept semblaient majoritairement unanimes, ou du moins elles n'étaient pas aussi controversées que d'autres émissions de l'industrie traitant du rap.


Niska, Shay et SCH, jury de "Nouvelle École" Affiche de "Nouvelle École"



En plus d'enfin donner à ce style musical une vraie émission sérieuse, le public y a évidemment vu une bonne manière de faire découvrir des artistes plus ou moins connus, de mettre en avant des pépites aux yeux du grand public, notamment des clients de la plateforme Netflix, qui ne sont pas forcément intéressés par la scène rap en France.

Un aussi gros concept à budget peut également permettre d'aider les artistes au fil des épisodes, et pourquoi pas lancer des carrières, que ce soit pour le vainqueur ou pour d'autres participants qui auront tapé dans l'œil du public.

Car en effet, ce qui fait également la force de l'émission, c'est le nombre de candidats que l'on peut y retrouver. Parmi les 24 artistes, chacun a l'espoir d'y trouver son bonheur, du moins, si les participants font le nécessaire pour se démarquer des autres.

Dernier point qui pouvait laisser penser à une émission réussite : les trois membres du jury ont une certaine connaissance du milieu, principalement due à leur ancienneté dans le rap. Les avis constructifs et intéressants devraient donc être au rendez-vous sans trop de problèmes.


Malheureusement, ces attentes n'ont pas toutes été au rendez-vous lorsque les quatre premier épisodes ont été dévoilé. Problèmes venant de la production de l'émission, du jury, ou encore des artistes eux-mêmes, quelles sont les principales raisons qui font de "Nouvelle École" un programme bancal qui n'a pas su tenir ses promesses ?



> PARTIE 1 : EN SURFACE, QUE DONNE L'ÉMISSION ?


  • Le casting de l'émission est-il convaincant ?


Dès les premiers épisodes, qui ne font que retracer certaines sélections à Paris, Marseille et en Belgique, le principal point est assez flagrant : les candidats ne sont pas au niveau pour prétendre gagner l'émission.


Hormis quelques exceptions, tous les participants ont des textes plus que classiques, ne vont pas chercher compliqué dans leur écriture, et les thèmes employés sont majoritairement les mêmes, et ce malgré des particularités chez certains artistes.

Seuls certains parviennent à faire la différence, comme par exemple BB Jacques de par son expérience, sa prestance et une certaine assurance que l'on ressent dès ses premières apparitions; Elyon et KT Gorique qui imposent sans trop de difficultés leurs styles si uniques et originaux au milieu d'autres artistes qui ne font que se ressembler entre eux; ou encore Fresh et Houssbad qui, sur un tout autre point, participent à la bonne humeur et au côté divertissement du programme, en plus d'être très bons dans leur art.


B.B. Jacques | Grünt d'Or #31 Elyon - Qui va écouter ça?



D'autres, à l'inverse, sont un peu moins à l'aise dans cette discipline, jusqu'à en oublier assez souvent leurs textes, comme l'ont fait Myra, Pirate, ou encore Juss à plusieurs reprises.

On pourrait comprendre que le stress intervienne dans leur performance, car un aussi gros évènement ne se présente qu'une fois dans une vie, mais s'inscrire de plein gré dans une émission diffusée sur la plus grosse plateforme de streaming vidéo française implique de prendre ses responsabilités, et des oublis de textes aussi fréquents ne devraient pas avoir leur place dans un une compétition comme telle. Leys par exemple, a bénéficié de plus d'un sauvetage après des bégaiements sous prétexte d'un bon niveau de rap, jusqu'à accéder à la finale à la place de meilleurs artistes plus confiants et n'ayant fait aucune erreur de toute l'aventure.


Et si seulement l'attitude des candidats ne s'arrêtait qu'à quelques oublis légers, il y aurait bien moins à redire sur l'émission. Certains, en plus de ne pas être au niveau d'autres, adoptent également un comportement déplacé ou tout simplement agaçant.

Entre l'arrogance de Juss qui rejette la faute sur le DJ après avoir loupé sa performance, Myra qui force l'accès à la compétition alors qu'il n'a même pas le talent suffisant pour apparaître à l'écran, ou encore Soumeya qui prend personnellement les attaques de KT Gorique lors de l'épreuve des battles, alors que c'est le but même d'une battle.


A défaut d'être majoritairement mauvais et maladroits, les candidats ne sont pas non plus les plus innovants. Très peu apportent réellement quelque chose d'inédit ou de surprenant, ce qui fait que les épreuves tournent rapidement en rond, par exemple dans le cas de Leys, une rappeuse qui s'en sort plutôt bien mais qui ne fait que performer simplement sur une instrumentale bête et méchante, et ce à toutes les épreuves. Fresh fait également un travail assez similaire dans la forme, dans un style plus drill que trap, mais il se démarque principalement grâce à son attitude et sa voix portante qui a surpris Shay lors des auditions.



  • L'émission a-t-elle une structure assez stable ?


Bien heureusement pour eux, les problèmes de "Nouvelle École" ne viennent pas que des artistes participants, mais aussi du côté de la production et de la structure très bâclée de l'émission.


Déjà dès le commencement de la compétition, les deux épisodes montrant les sélections de certains artistes dans les trois lieux définis présentent des inégalités de casting, notamment au niveau de l'environnement dans lequel se présentent les artistes. Certains comme Myra, Fresh ou Elyon performent dans un studio conçu pour faire de la musique, et sont donc dans des conditions optimales pour déployer tout leur talent, tandis que BEN plg se retrouve invité par Shay dans un parking souterrain, sans aucune raison valable, si ce n'est pour "déstabiliser" le candidat, ce qui n'a d'ailleurs pas du tout fonctionné.


BEN plg - Mauvaise nouvelle "Nouvelle École" sur Netflix



De nombreux défauts dans tous les sens, mais le plus flagrant et dérangeant reste tout le même la place immense que prennent les juges dans ce programme.

Ces derniers n'ont pas seulement le rôle de coach, car ils sont surtout le principal argument marketing de la série, que la plateforme Netflix n'hésite pas à mettre en avant dans de nombreuses interviews. Trois têtes d'affiche de trois scènes différentes dans le paysage francophone : Niska pour le style trap, SCH pour la nouvelle scène marseillaise et plus anciennement pour le côté poète du rap, notamment avec "JVLIVS", et Shay pour le rap féminin, malheureusement encore trop sous-représenté en France et en Belgique. Le jury semble avoir une bonne expérience et être capable de départager correctement les artistes pour dénicher une vraie pépite et lui offrir les 100 000€, mais loin de là, car sur les trois juges, seul SCH est réellement pertinent, ou du moins essaye de l'être. Niska ne se contente que de quelques mots qui n'apportent rien à la compétition et au débat, pendant que Shay est considérée par la totalité des spectateurs comme le pire membre du jury, à cause de ses mauvais choix et de ses critères hors-sujets. Préférer choisir Ayisha et Myra pour recaler BEN plg sous prétexte qu'il n'avait pas assez "la dalle" a été perçu comme une vraie insulte par le public, qui a perdu tout espoir d'objectivité de la part de Shay.



> PARTIE 2 : LES ARTISTES SONT MALMENÉS


  • Quels sont les gros problèmes des épreuves ?


L'émission nous a prévenu dès le début : les artistes se voient directement imposer un rythme de vie et des conditions extrêmes, et c'était un des pires choix à faire si la production cherchait de la qualité venant de ces derniers.


En effet, seuls les clips bénéficient d'un délai d'une semaine pour être réalisés, ce qui est tout de même bien court si l'on souhaite dévoiler tout son potentiel et faire un métrage digne de ce nom. Le reste des épreuves, qui demandent elles-aussi beaucoup de préparation et ne sont pas non plus à négliger, se déroule pourtant jour après jour, et ce, sans aucune pause. L'émission n'hésite d'ailleurs pas à nous montrer la détresse de certains candidats à travers des vidéos au format portrait enregistrées directement par les principaux concernés, qui se plaignent de leur manque d'inspiration, ou encore de la fatigue liée à leur temps de sommeil largement insuffisant.

Selon la production et le jury, cela reste bénéfique pour les artistes, qui se voient immédiatement imposer un rythme effréné et dur, pour les préparer à leur future carrière s'ils parviennent à l'entretenir après l'émission. Encore une nouvelle incohérence : aucun artiste ne se verra forcé de travailler d'arrache-pied contre son gré, et ce, quotidiennement. Ceux qui adoptent ce mode de vie sont très majoritairement volontaires et ne sont pas contraints par une équipe de tournage qui ne souhaite qu'accélérer la création d'une émission, sans chercher à apporter un plus à une culture spécifique. Un autre point donc, qui explique assez facilement les fréquents oublis de textes et le niveau très bas de la quasi-totalité des participants.


Évidemment, il existe de nombreux autres défauts en lien direct avec les épreuves, notamment leur faible diversité : on peut retrouver quatre épreuves parmi les six officielles dont le but est quasi-identique : les freestyles, le cypher, les featurings, ainsi que la finale. Dans ces cas-ci, l'artiste n'a qu'un seul but, celui de performer devant un public et un jury sur un morceau.

Le seul point qui diffère des autres épreuves concerne les featurings, puisque le candidat ne choisit pas le morceau sur lequel il va devoir performer, puisqu'une tête d'affiche est également présente sur scène pour l'interpréter. Nous nous retrouvons donc avec des inégalités évidentes, notamment avec Elyon, qui, contrairement à son style plus obscur, mélancolique et recherché, se retrouve aux côtés de Gradur, obligé de remplacer Heuss L'Enfoiré sur le titre "Ne reviens pas", qui est l'exact opposé du répertoire du candidat. D'un autre côté, on retrouve Fresh, habituellement dans un style trap et drill, performant avec Zola sur le morceau "Papers", où le participant n'est donc pas du tout en danger, puisque le titre sélectionné est parfaitement dans les codes de ce dernier.


Gradur ft. Heuss L'Enfoiré - Ne reviens pas Wojtek aux Rap Contenders



L'épreuve des battles est également à côté de la plaque pour plusieurs raisons évidentes. Tout d'abord, ressusciter un concept du début des années 2010 en variant le contexte n'était tout simplement pas une bonne idée. Les "Rap Contenders", qui ont notamment dévoilé des artistes comme Jazzy Bazz, Nekfeu, Bigflo & Oli, ou encore Dinos, ne représentent absolument pas la capacité à créer de la musique. À l'époque, certains comme Wojtek dominaient la totalité des duels, mais n'ont pas réussi à s'imposer dans le monde du rap par la suite, et cet exemple se reproduit aujourd'hui avec B.B. Jacques, qui dispose d'un univers musical incomparable, et qui pourtant, a complètement raté l'épreuve des battles, ayant un style et une manière de rapper trop peu adaptés à ce défi. Évidemment, certains candidats prennent également l'émission trop à cœur, en oubliant le but même de l'épreuve, et en réagissant irresponsablement, quitte à insulter pour conserver leur crédibilité.


  • Les artistes sont-ils vraiment libres ?


Cela semble plutôt logique : au vu du faible délai entre chaque jour de tournage, chacun ne peut pas dévoiler tout son potentiel artistique, et se doit alors de restreindre ses ambitions, quitte à performer des morceaux plus simples et peu innovants.


Seule l'épreuve des clips laisse une parfaite liberté à l'artiste, qui a enfin la possibilité d'affirmer son univers devant le jury. Mais comme dans chaque épisode, nous faisons face à de nouveaux problèmes, plus ou moins gênants pour la compétition.

En plus de ne spécialement être touché par tous les univers, le jury préfère faire passer la subjectivité en priorité, et privilégier les réalisations qui parle le plus à chacun. Là où Shay a été plus sensible au clip de Leys, Niska l'a été concernant Fresh et SCH avec Elyon. Chaque avis est purement personnel et des candidats comme KT Gorique, qui a un style unique qui parvient à se démarquer facilement du reste, a été immédiatement désavantagée puisqu'aucun membre du jury n'a accroché à l'ambiance du clip.


Ici, nous faisons probablement face au plus grand problème de "Nouvelle École", loin des simples performances ratées ou des épreuves répétitives. Cette inégalité concernant la sensibilité de chacun est un frein conséquent pour les artistes essayant de se démarquer, comme KT Gorique ou Elyon. Par chance, la grande majorité de leurs prestations les a mené assez loin dans la compétition (KT Gorique en quarts-de-finale et Elyon en finale), mais aucun des deux artistes n'aurait pu prétendre à la victoire, tout simplement à cause de leur style musical trop extravagant pour une telle émission, et surtout un tel jury. SCH étant l'artiste le plus musicalement diversifié de ce dernier, aux côtés de Niska et Shay qui vivent à travers des morceaux beaucoup plus classiques : l'issue de la compétition était déjà évidente avant même son commencement, le gagnant serait un artiste capable de parler sans trop de difficulté à la majorité du public.


Contrairement au début de l'émission, où la diversité et la démarcation d'un candidat étaient exigées, plus les épreuves passent, plus les conseils s'atténuent et semblent vouloir diriger les participants vers un style lisse, sans prise de risque, certain de plaire au grand nombre. Pour revenir sur les précédents exemples : KT Gorique est éliminée à l'épreuve des clips, principalement à cause de la retranscription parfaite de sa culture et de son énergie, qui n'ont malheureusement pas parlé au jury; Elyon atteint la finale sans la remporter car la part de rap dans son morceau est jugée trop insuffisante, alors que sa polyvalence et son chant étaient mis en valeur depuis le début de l'émission; et pour finir, Leys, rappeuse plutôt technique avec un très bon niveau, se hisse sans trop de soucis en finale avec un style trap plus que classique et répétitif, en ayant raté presque la totalité de ses prestations à cause de son stress, mais repêchée sans arrêt par le jury, sans vraie raison valable.


Elyon - Mourir Demain Leys - Parabellum



> PARTIE 3 : QUE PEUT-ON EN RETENIR ?


  • Quelles sont les réelles motivations de "Nouvelle École" ?


Après énumération de tous les points négatifs et du peu de points positifs de ce programme, penchons-nous sur un côté encore inabordé jusqu'ici, pourquoi produire et adapter "Nouvelle École" en France, et quel était le but principal de l'émission ?


Sans grande surprise, le rap est la musique la plus populaire dans le monde actuellement. Contrairement aux années 2010 où ce style était encore sous-représenté et surtout dénigré par la majorité de la population française, on le retrouve aujourd'hui partout dans notre vie, principalement chez les jeunes, qui restent les principales cibles de la plateforme Netflix.

Devenu la musique la plus commerciale de la planète, le rap était évidemment une bonne solution pour l'entreprise, qui avait l'occasion de s'accaparer une émission consacrée entièrement à cette culture, et réclamée depuis bien longtemps par le public. Évidemment, on y voit un moyen assez simple et rapide d'attirer un nouveau public sur une plateforme qui voit de plus en plus de barrières se dresser devant elle. Entre les polémiques concernant la publicité obligatoire dans les abonnements, les programmes de moins en moins diversifiés, ou encore l'arrivée de nouveaux gros concurrents comme Disney +, ou encore Amazon Prime Video, la plateforme se devait de trouver un remède à tous ces maux.


Le remède étant trouvé, fabriqué et diffusé semaine après semaine, cette stratégie a bien évidemment fait réagir, mais pas toujours dans le sens positif.

Tout d'abord, on remarque assez rapidement que l'émission n'a pas spécialement envie de participer à la culture hip-hop, et ne cherche pas non plus à faire découvrir de nouvelles pépites talentueuses. Le jury n'est majoritairement pas assez qualifié pour donner de vrais conseils pertinents, deux d'entre eux n'ayant pas sorti de réel projet innovant, d'autres invités du milieu comme Dinos ou Mokobé n'apportent rien non plus à l'émission, contrairement à d'autres têtes comme Jacky Brown, Driver, Le Motif, etc, qui participent à sa crédibilité hip-hop, mais qui sont probablement présents pour que le programme se donne bonne conscience.



Driver présente les battles SCH, Mokobé, Shay et Niska



Même le principe de l'émission ne parait pas sincère et semble malhonnête : on nous présente le programme comme un dénicheur de talents, de futurs grands artistes, mais tout laisse penser qu'une simple nouvelle star du rap est cherchée. Avant la diffusion de l'émission, la promotion se basait uniquement sur le jury, point fort de la série, de par sa notoriété et l'attachement du public les concernant, mais une fois le dernier épisode diffusé, de nombreuses interviews sur Fresh, vainqueur de la finale, pustulaient sur les réseaux sociaux. Ayant le parfait profil pour être aimé du public rap, Fresh était évidemment la meilleure chose qu'il pouvait arriver à "Nouvelle École" : la victoire d'un rappeur cru dans ses textes et au style de rap populaire, pourtant amusant et attachant dans la vraie vie, mis en avant principalement grâce à son amitié avec Houssbad lors de l'émission.


Pour résumer, "Nouvelle École" est une émission de divertissement centrée sur le rap, qui a pour but de coacher les artistes pour qu'ils deviennent meilleurs, mais qui les entraine plutôt à avoir une bonne image, à être une future star et à se plier aux codes du milieu pour toucher le plus de public possible.


  • Comment rebondissent les artistes après un tel tremplin ?


Ce qui est certain, c'est que Netflix offre une gigantesque visibilité pour chacun des participants, même ceux qui se sont fait plus discrets ou qui ont été éliminés plus tôt que d'autres bénéficient d'une mise en avant inespérée à leur échelle.


Le chat noir de cette notoriété facilement et rapidement acquise, c'est le peu de conseils donnés pendant l'émission concernant l'avenir. Presque aucun abord du futur de l'artiste, qui se voit fournir la notoriété et le budget pour le vainqueur, mais qui est lâché dans un milieu où tout change vite, sans aucun moyen de gérer une carrière, un business, hormis une vive intervention de Sofiane avant la dernière épreuve.


Cette popularité soudaine peut évidemment avoir de nombreux côtés positifs, mais aussi d'autres plus néfastes pour l'artiste.

Pour commencer par les points avantageux, prenons trois exemples directement sortis de "Nouvelle École". En ce qui concerne B.B. Jacques, l'émission lui a apporté un très gros gain d'auditeurs sur Spotify, qui resteront très probablement fidèles à sa musique, tant elle est originale aujourd'hui et introuvable ailleurs. Même cas pour Elyon, désormais sorti de l'ombre avec son style assez extravagant et nouveau. Les deux artistes ont d'ailleurs connu une grande évolution sur leur compteur de vues sur Youtube, notamment avec leurs clips "Donjon / 2h22" pour B.B. Jacques, et "Danse toute la vie" pour Elyon, qui a d'ailleurs lancé un pique à Niska qui lui a avait conseillé de "rester normal" et de ne pas en faire trop. BEN plg, éliminé avant même de commencer la compétition à Paris, a également été grandement remarqué par le public, qui l'a jugé comme injustement recalé, et a su rebondir en dévoilant le clip "Mauvaise nouvelle" dans lequel il remet en scène sa performance devant Shay et Frenetik, dans le même parking que lors de son élimination.


Elyon - Danse tout la vie Fresh - Bientôt à l'abri



Côté négatif, les exemples sont tout aussi nombreux, et presque même plus impactants.

Fresh, vainqueur de l'émission, a évidemment plus à gagner qu'à perdre, surtout après la publication de son premier EP "Bientôt à l'abri", mais principalement dû à son style trap plus que commun, le gros gain d'auditeurs obtenu grâce à la mise en avant sur Netflix se verra fortement réduit par la suite, même si cela prendra inévitablement plusieurs mois. Même phénomène pour Juss, qui est parvenu à surfer quelques semaines sur un extrait de l'émission, puis sur la sortie de son clip "Habibi", mais qui est déjà retombé dans l'ombre, tout comme Myra, qui après de nombreuses moqueries à propos de sa détermination, a tenté de refaire surface à travers un morceau nommé "La Dalle", qui n'a malheureusement pas eu le même succès que ses confrères, probablement dû à son niveau très discutable.


  • Quels auraient-été les points à améliorer ?


Critiquer sans aucune réflexion derrière ne sert à rien, alors essayons de réfléchir à des moyens plus ou moins réalisables afin de rendre l'émission meilleure.


En premier lieu, la cohérence et la diversité des épreuves est sans aucun doute à revoir et à corriger. Espacer les jours de tournage, laisser s'exprimer les styles et univers de chacun, et inclure dans la compétition des épreuves qui mettent au défi le candidat, qui le poussent à sortir le meilleur de lui-même, sans pour autant le surexploiter quotidiennement.


L'idéal serait de prendre en compte l'intégralité des épreuves pour chaque choix, et de redéfinir l'ordre d'arrivée de celles-ci dans le tournoi, notamment les clips, qui devraient intervenir plus tôt chronologiquement, car elles pourraient faire ressortir l'univers d'un artiste dès le début et permettrait de déterminer lesquels sont les plus intéressants ou non. Cela aurait la faculté d'influencer certains choix du jury plus tard, comme pour B.B. Jacques, éliminé à l'épreuve de battles face à STLR, mais qui aurait clairement pu être repêché si son style avait été imposé avant. Tout le contraire de STLR donc, qui a remporté haut la main son duel, mais s'est fait sortir à l'épreuve des clips avec une réalisation peu intéressante, malgré quelques effets surprenants.

Les battles justement, comme dit plus haut dans l'analyse, n'ont pas leur place dans une compétition d'un tel calibre et d'un tel rythme. Outre le côté inutile mais divertissant de duels dans le rap actuel, les participants n'ont qu'une nuit pour analyser leur adversaire, écrire et apprendre leur texte, ce qui est bien trop court.


La forme de l'émission pourrait également être retravaillée, en commençant par le principal argument marketing : le jury.

Choisir des artistes plus qualifiés, plus impliqués et plus sérieux dans leur musique, comme par exemple Laylow, Disiz, ou encore Damso, aurait été une meilleure idée, au vu des expériences uniques qui composent leur carrière et des avis un minimum objectifs, pourtant divergents, qu'ils auraient pu mettre en conflit lors des délibérations.

Des têtes du milieu plus pertinentes et critiques aurait également été un gros + pour le déroulement de la compétition, comme par exemple Le Chroniqueur sale, Maskey, ou encore Mehdi Maïzi.


Dernier point qui aurait probablement été le plus intéressant de tous : la mise en place d'un panel dans le but d'avoir de nombreux avis différents. Un semblant d'objectivité aurait jailli de ces votes, et cela aurait permis d'aiguiller les juges vers des choix peut-être plus intéressants et en accord avec le public.


Pour terminer, l'idéal serait de rendre l'émission un peu plus professionnalisée, de lui enlever son image de programme de divertissement pour en faire une réelle émission spécialisée dans le rap qui cherche à dénicher de nouvelles pépites, car aujourd'hui c'est malheureusement tout le contraire.


Axel Araujo.




Photo de couverture : Netflix France


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